Qu’est-ce que le travail invisible ?
A priori, on pourrait penser qu’il s’agit du travail non déclaré ou des professions officiellement interdites. Et pourtant, il n’en est rien de tout cela. En effet, Le terme invisible désigne en fait le travail qui n’est pas officiellement reconnu. Il s’agit plus précisément du « travail que les femmes exécutent au foyer bien sûr, mais aussi dans l’entreprise de leur conjoint », ou encore du « travail non rémunéré, dit invisible, des parents auprès des enfants et des aidant(e)s auprès de leurs proches âgés, en perte d’autonomie, malades ou handicapés« .
En clair, il s’agit du travail qui n’est pas reconnu comme tel et non comptabilisé dans la création de richesses au sein d’un pays. Et les exemples sont nombreux : femme au foyer s’occupant des activités domestiques, femme d’agriculteur travaillant dans l’exploitation sans avoir un statut précis, enfant de commerçants dépannant leurs parents de temps à autre, personne quittant son emploi pour s’occuper d’un proche malade, ensemble du travail accompli au sein de la famille et du bénévolat réalisé dans la communauté, quel que soit le statut de la personne. Dans les pays en développement, il comprend aussi tous les travaux liés à la survie de la famille: le transport de l’eau, la production agricole et artisanale, le travail domestique des mères de familles, essentiel et pourtant toujours aussi méconnu etc.
« Après de brillantes études universitaires , certaines femmes remisent stylos et classeurs pour se consacrer totalement à leur famille. …La femme au foyer , c’est donc la solution au chômage et une valeur sûre pour assurer une bonne éducation chrétienne aux enfants. …Le meilleur des mondes c’est donc cela, c’est du bon sens et jusqu’à présent, nous n’avions rien compris… »
En 1995, l’Organisation des Nations-Unies (ONU) estimait à 11 000 milliards $ US la valeur annuelle du travail invisible et non rémunéré des femmes à travers la planète. (ONU, PNUD, 1995)
Pour la petite histoire
La notion de travail invisible reste encore inconnue dans nos sociétés: c’est une notion qui vient du Québec, popularisée par l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Afeas). Depuis 2001, cette dernière lui consacre une journée chaque année, un combat devenu national depuis 2010 après avoir été reconnu par les autorités canadiennes. Pour l’Afeas, la reconnaissance de la valeur du travail invisible permet de valoriser les personnes qui l’accomplissent, généralement des femmes comme mères et aidantes.
Pourquoi y consacrer une journée ?
Pour Donner de la visibilité à de l’invisible, tel est le challenge relevé par cette journée mondiale d’origine canadienne; qui se tient chaque année le premier mardi du mois d’avril, cette année le 4 avril.
Cette journée de sensibilisation permet de porter à l’attention des populations et des décideurs, l’importance du travail invisible et la pertinence de politiques et de mesures pour soutenir les parents et les aidant(e)s.
Une journée pour donner de la visibilité?
Il est difficile de changer le cours des choses en la matière. Espérons tout de même qu’une telle journée permettra à tous de mieux comprendre et apprécier la valeur de ce travail « invisible ». Par exemple, permettre aux gouvernements de mettre en place des politiques et des programmes qui contribueront à améliorer davantage le statut des femmes au foyer, premières responsables du travail invisible, et à assurer leur autonomie sociale et financière.